Un spectacle comme une confidence murmurée au coin du feu. C’est ainsi qu’Hervé Vaysse l’a imaginé, Le Céleste, l’histoire d’un homme qui rêvait de chanter à La Scala de Milan, au Metropolitan de New York. Mais la vie n’est pas si simple, alors il se fait colporteur d’art lyrique, livreur d’opéras. Il s’installe ici ou là avec quelques objets, des tentures, deux, trois loupiotes, et un petit théâtre à l’italienne surgit alors au centre de la piste. Tout est à vue, changements de costumes et de décors, pas de chichi, le public est dans la loge et sur la scène. Il y a du cabaret dans cette affaire, une frivolité à la française, une galerie de portraits échappés des nuits de Pigalle où petits voyous et travestis rejouaient Carmen ou Lili Marlène jusqu’à plus soif. Le Céleste est un mirage auquel on croit bien volontiers, un petit concertina y remplace vaillamment l’orchestre symphonique, un artiste incarne tous les rôles à l’étroit dans un corps qu’il ne peut dissimuler. Sa cathédrale, c’est lui. Des graves virils aux aigus féminins et enfantins, le souffle est puissant, l’épopée miniature. Un grand numéro de cirque empreint d’une infinie tendresse.