Une vie résumée en quatre-vingt minutes d’où ce titre étrange. Pari insensé que tente Jonathan Guichard, l’auteur de 3D, solo acrobatique déjà extravagant découvert au festival Gare au Gorille en 2017 : créer un spectacle de cirque futuriste où le corps acrobatique, pourtant bien là sous nos yeux, ne serait en définitive que pure abstraction. Androgyne, unique mais se démultipliant et se métamorphosant en permanence, ce corps reste un mystère, un être imaginaire. Qu’est-ce donc que cette créature digne d’un hallucinant scénario de science-fiction, un mutant, notre double ? L’espace où elle se meut, le temps qui lui est compté, l’ambiance sonore qui nous enveloppe, son univers détaché de tout réalisme, échappent à la raison. C’est une énigme, une chorégraphie inédite sur un sol mouvant qui se dérobe et permet la naissance comme la disparition. Le cirque ici se fait exploration. Un nouveau continent surgi de nulle part. Curieusement doux, comme un contrepied à la rudesse de notre monde. Quand le cirque s’évade de ses propres codes, et c’est le cas avec 080, le pari est gagné !